FICTION A SUIVRE ...

Kaboul ...Thé !

Calais ... Café !

"Un Afghan à Calais"

Le récit

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 _____

ROMANS AU CHOIX

NOTRE LANGUE EN PROSE

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Kaboul ... Thé ! Calais ... Café !

COMME AU BON VIEUX TEMPS DES FEUILLETONS ...

UGO VALENCE, Agent secret

NOTRE LANGUE EN VERS

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ESILELISE

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Esilelise

   

NOUVELLES A LIRE

NOTRE LANGUE EN PROSE

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Le français dans la mouise

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De l'Antiquité à nos jours ...

Nouvelles d'hier et de demain, et même ... d'avant-hier et d'après-demain

Une petite ville d'histoireS

La more solitere du vieus moulin

NOTRE LANGUE EN VERS

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JUSTE UN DERNIER VERS ... ET JE FINIS MON CHEMIN

  • ¤

Juste un dernier vers ... et je finis mon chemin

PIED A PIED

 

Le lézard
 
 
Un lézard
dort au soleil
et perd
un petit bout de queue
 
Un lézar
dort au soleil
et perd
un petit bout de queue
 
Un léza
dort au soleil
et perd
un petit bout de queue
                                     
Un léz
dort au soleil
et perd
un petit bout de queue
 
Un lé
mon Dieu
qu’il est laid et hideux
sans sa queue
 
Un l
qui perd la tête
ça n’a

ni queue ni tête

 

S.L.

 

Dis, Monsieur
 
  
 
Dis, Monsieur,
Fais-les rire
 
Dis, Monsieur,
Regarde leur sourire
 
Dis, Monsieur,
Ecoute leurs soupirs
 
Dis, Monsieur,
J’veux pas être sérieux
 
Dis, Monsieur,
Fais-en des élèves heureux
 
Tais-toi, mon âme,
Je suis prof.
 
 
S. L.

 

Oiseau de liberté

Hip ! Hip !

tu sautilles-tilles

Piaf

sur le bord de la gouttière

et tu cries

ton enfant tombé

à peine emplumé

du nid de tiges séchées

et ma main main minotaure

qui l’enserre

 

ne crie pas si fort

 

Piaf

 

c’est pour mieux le regarder

c’est pour mieux l’envier

cet oiseau-enfant

 aux ailes de liberté.

 

 

Je dédie ce poème

à l’oiseau ramassé

à peine

ce poème terminé

 

P

 

Pipi, pipi, pipi,

Popo, popo, popo,

Papa, papa, papa,

Pépé, pépé, pépé,

 

-i-i, -i-i, -i-i,

-o-o, -o-o, -o-o,

-a-a, -a-a, -a-a,

-é-é, -é-é, -é-é ,

 

Sans P la vie serait

A mourir de rire.

 

U

 

Un chameau

Et deux dromadaires,

Ca fait trois bossus !

 

Une ânesse

Et deux baudets

Ca fait trois têtus !

 

Un Petit Poucet

Et ses deux frères

Ca fait trois perdus !

 

Un gros

Et deux replets

Ca fait trois dodus !

 

Une pie

Et deux arondes

Ca fait trois langues bien pendues !

 

Mais un T

Et deux U

Ca ne fait qu’un vieux train : TU-U !

 

       S. L.

 

Fleuve Amour, bonjour

 

Tais-toi, Congo,

T’es pas beau !

 

T’as la Vistule

Qui se coagule

 

Et tu fais Mississipi

dans l’Ienisseï

 

Ton épouse la Garonne

joue l’Amazone

 

Avec le beau Danube

Qui titube

 

Il croit avoir la Moskova

Dans les bras

 

Et l’Escaut

C’est pas le Pô

 

Enlève la chemise

De la Tamise

 

Ah ! ce Rhin

Quel maintien

 

Il caresse sa demoiselle

La Moselle

 

Et perd le Nord

L’Amour est le plus fort

 

          S.  L.         

 

   Bonne lecture !

 

 

 
 


                                                                       
 

 

 

ME JOINDRE
NOUS SOMMES LE
UGO VALENCE, Agent secret - NUITS D'AFRIQUE DU SUD chapitre 1
Nuits
 
 
Stéphane LEFEBVRE
 
 
Nuits d’Afrique du Sud
 
 
CHAPITRE 1
    
 
  
   
   Le feu vert donné par Paris pour son expédition en Afrique du Sud, Ugo avait rattrapé le D.C.8 « Ciel de Paris » de la compagnie aérienne française à l’escale de Léopoldville.
 
   Ugo admirait l’immense plateau du Rand par les hublots de l’appareil au moment où l’imminence de l’atterrissage fut annoncée par haut-parleur.
 
   Jan Smuts, l’aéroport de Johannesburg, ressemblait à tous les aéroports du monde.
 
   Valence quitta les bâtiments de la navigation aérienne, les formalités sanitaires et douanières terminées.
 
   - Oh ! interpella le douanier qui avait tracé à la craie une croix sur la valise, vous ne voyez pas les indications « Non-Européens ». Pour vous la sortie est de ce côté-ci.
 
   Une foule lamentable de Noirs en haillons pullulait aux abords de l’aéroport, implorant la bonne âme de l’étranger. Des Blancs pauvres formaient un groupe à part, dans la même attente d’une personne généreuse.
 
    Le Français tendit une cigarette à un vieil unijambiste décrépi. Il se sentait mal à l’aise dans son impeccable complet ocre au milieu de ces gueux.
 
   Des photographes pratiquaient leur métier, galopant pour fixer sur la pellicule le plus grand nombre possible de ces élégants personnages qui foulaient la terre sud-africaine.
 
   Une femme jeune et ravissante, au maintien qui trahissait une situation sociale élevée, s’approcha sans hésitation du Français, l’appareil en position de travail.
 
   - Ne bougez plus, dit-elle, en reculant à petits pas rapides afin de maintenir une bonne distance de prise de vue.
 
   Ugo la laissa faire puis avança vers elle.
 
   Elle lui tendit un petit carton jaunâtre qu’il accepta. Il indiquait l’adresse où les personnes ainsi photographiées pouvaient venir récupérer leur portrait moyennant finance.
 
   La blonde voluptueuse s’éloigna. Ugo ne la perdit pas de vue et épia ses manœuvres. Elle photographiait une matrone encagée dans une robe légère à grandes fleurs qui manifestait son désaccord et jetait d’un geste énervé le petit rectangle de papier. Ugo le ramassa discrètement.
 
   Les deux tickets ne portaient pas la même adresse. Il les mit dans sa poche.
 
   Ugo se lança sur le marchepied d’un autocar qui démarrait, la valise pendue dans le vide. Il se fraya un chemin dans l’amalgame de corps qui basculaient en tous sens au rythme de la conduite.
 
   Le soleil dardait sec sur Johannesburg et la chaleur faisait suinter de ces gens entassés une sueur acide qui collait les vêtements à la peau et rendait puante l’atmosphère du véhicule de transport en commun.
 
   Ugo en descendit dans le centre de la ville.
 
   Il loua une Plymouth et avisa une cabine téléphonique publique d’où il retint une chambre dans un grand hôtel de Pretoria, but de sa visite.
 
**********
 
   Ugo disposait de tout son temps.
 
   Il stationna un long moment au volant de sa voiture, après son appel téléphonique.
 
   La politique d’apartheid de l’Afrique du Sud se jetait à la face de tous, Sud-Africains et étrangers, avec autant d’intensité que les gigantesques panneaux de publicité animés.
 
   Les pancartes « Europeans only » et « Non- Europeans » s’appuyaient, s’accrochaient, se promenaient partout, aux entrées et aux sorties séparées par une main courante, au-dessus des W.C., sur les autobus à un étage.
 
   Assis sur un banc placardé du fameux panneau, des Blancs, et, près de ce banc, debout, un groupe de noirs discutait, feignant d’ignorer le siège interdit.
 
   Le Français sortit de sa poche les cartes de visite qui indiquaient deux adresses différentes. Cette histoire de photographies le chiffonnait.
 
   Il avait une farouche envie de retrouver la blonde canaille qui lui avait tiré le portrait, ou plutôt non. Sans vouloir s’en avouer franchement la raison, il suppliait le Ciel de lui faire faire le déplacement pour rien. Dans cette éventualité la disparition de la jeune fille aurait sans doute la signification qu’il entrevoyait.
 
   Sa supplique fut exaucée.
 
   Ugo fit demi-tour vers Johannesburg.
 
   Les monticules ocres aux formes lointaines de collines ravivaient la monotonie du paysage. Les rois de l’or sud-africains avaient fait entasser en montagnes nues les déchets des mines, trempés de la sueur des Noirs, qui n’étaient pas d’une exploitation rentable en comparaison de leur colossale fortune. A un terril succédait un terril et pendant une demi-heure ce ne fut qu’un horizon de crassiers.
 
   Sophia-Town, l’ancien bidonville de Johannesburg devenu quartier résidentiel, remplaça les crassiers. Quelques masures oubliées ou qu’on avait cru emprisonner au milieu de tonnes de béton témoignaient encore de l’état de promiscuité dans lequel vivaient les Noirs expédiés de force dans les nouvelles « locations ».
 
   Ugo enfonça de l’index le bouton de la sonnette encastré dans le poteau de ciment armé qui supportait une lourde grille en fer forgé, à l’adresse inscrite sur la carte de visite que la photographe lui avait glissé dans la main.
 
   Une voix féminine lui demanda par l’intermédiaire d’un haut-parleur de révéler son identité.
 
   - Le micro est installé sous le dispositif de sonnerie, expliqua la voix. Veuillez répondre, s’il vous plaît.
 
   Ugo estima que la photographe avait des méthodes de réception des clients pour le moins spéciales !
 
   Il déclina son identité et fit part de l’objet de sa visite : la photo qu’il passait chercher, si elle était développée, cela allait sans dire.
 
   - Patientez un petit instant, monsieur ! Le groom va vous ouvrir.
 
   Le groom, un adolescent noir d’une quinzaine d’années, ouvrit et repoussa la grille derrière le visiteur, comme un robot. Il précéda ce dernier dans le jardinet qui ceinturait une demeure de style hollandais un peu trahi, et l’introduisit au salon.
 
   La jeune femme admirait le bel athlète qui se présentait devant elle avec un regard langoureux de femme fatale. Accoudée à un bahut ancien qui valait son pesant d’or, elle caressait mollement le pommeau d’ivoire d’une canne entièrement ciselée.
 
 - Bonjour, madame, salua Ugo, sans faire mine de remarquer l’allure provocatrice de son hôtesse.
 
   Elle ondula vers lui. La robe demi-courte d’une facture de grand couturier moulait ses formes dans une ampleur exagérée à la poitrine et empêchait de remarquer la souplesse moelleuse des hanches sitôt qu’on détaillait la personne en individu expert.
 
  - Madame de Coorter, susurra-t-elle.
 
   - Enchanté de faire connaissance, madame de Coorter. Je constate …
 
   - Whisky ou … quelque chose ? proposa-t-elle.
 
   - Whisky … sec.
 
   Elle prépara le plateau.
 
   - Installez-vous. Mettez-vous à votre aise.
 
   Le salon dans lequel elle le recevait était sans style bien défini. L’héritage de ses ancêtres hollandais se mêlait à des meubles datant de l’époque de l’arrivée des premiers Anglais au Cap et cet amalgame réussissait la gageure de présenter la valeur esthétique de chaque objet. Les murs, eux, disparaissaient derrière des têtes d’hippopotames et de rhinocéros suspendues parmi de gros fusils entrecroisés, des trophées qui démontraient au visiteur l’adresse légendaire de la famille dans les safaris.
 
   Madame de Coorter posa les lèvres sur le bord de son verre. Ugo avala une gorgée.
 
   - Les photographes font fortune à Johannesburg, dit-il d’un ton narquois. De plus, ils sont assez inaccessibles !
 
   - Non, je ne suis pas photographe. Je le fais pour des amis, pour tuer le temps, expliqua son hôtesse.
 
   Ses yeux tristes dénonçaient l’ennui, l’idée qui la torturait que la vie ne lui donnait pas tout ce que sa jeunesse lui avait laissé espérer.
 
   Elle sonna le domestique, un Asiatique cette fois, et lui ordonna avec véhémence d’apporter deux glaçons pour son whisky. Puis elle disparut une minute.
 
   Ugo fixa distraitement la photo qu’elle venait de lui remettre : son visage, en gros plan, avec l’aéroport comme décor.
 
   Le timbre de la sonnerie de l’entrée retentit.
 
   - Mon mari, annonça madame de Coorter.
 
   Elle fit les présentations et emplit un verre de whisky pour son époux.
 
   - Mon mari est diamantaire, précisa-t-elle.
 
   Monsieur de Coorter avait quinze ans de plus que sa femme, estimation qui n’était assurément pas exagérée. Ses cheveux frisés passablement éclaircis sur le front grisonnaient sur les tempes et lui donnaient la cinquantaine. Une ride verticale profonde creusait chaque joue congestionnée et son double menton proéminent dissimulait en majeure partie le nœud de sa cravate. Ajouté à cela un ventre démesuré qui amenuisait sa taille déjà petite, et le poussah était présenté. Comment, après cette description, ne pas dire que la dame avait épousé son mari pour le capital fort appréciable qu’il représentait, et uniquement pour cette raison.
 
   Ugo offrit des cigarettes puis en alluma une.
 
   La conversation commença par des lazzis, s’orienta vers l’extraction du diamant et déboucha par la suite sur une voie toute différente. Elle dura deux heures. Les deux heures les plus courtes de la vie du Français.
 
   Ugo eut un éclair de génie. Il avait acquis rapidement la conviction que sous ses dehors de gros pouf, monsieur de Coorter étouffait malicieusement sa véritable nature de truand abject, et dès lors, il n’eut plus que la seule volonté de sonder insidieusement le Sud-Africain.
 
   Ce dernier succombait sous les coups de boutoir que représentait chacune des questions de l’agent secret et dévoilait son caractère de politicien marron et d’une témérité verbale convaincante, cependant qu’il gardait au cours de la discussion une froideur de cadavre.
 
   Madame de Coorter ne disait mot. Elle dessinait des ronds avec de la fumée de cigarette qu’elle crachait par bouffées successives.
 
  Ugo se leva d’un bond, mettant à profit un temps mort dans la conversation, il avait un adversaire devant lui et il ne voyait plus d’intérêt à s’éterniser en palabres à cette heure. Il le signifia en termes polis à ses hôtes.
 
   - Eh bien, monsieur Novan, nous donnons une réception ce soir. Acceptez-vous d’être des nôtres ? Ma femme et moi serions très heureux ! proposa le diamantaire. N’est-ce-pas, Sandie ?
 
    - Très heureux ! répéta son épouse avec un sourire câlin qui se partageait entre les deux hommes.
 
   Ugo accepta l’invitation sans hésiter.
 
   - Vous aurez l’occasion d’admirer de magnifiques diamants, ajouta monsieur de Coorter.
 
   Ugo arriva pile au rendez-vous.
 
   Il était vêtu d’un smoking sombre impeccablement taillé dans une boutique américaine de Johannesburg et il s’était juré de ne pas omettre d’en porter le prix sur la note des frais généraux.
 
   Un Anglais l’avait devancé, une asperge de taille interminable et d’une maigreur désolante à regarder. Il avait le maintien digne des sujets de Sa Majesté Elisabeth II, malgré sa bouille rieuse.
 
   Monsieur de Coorter fit les présentations.
 
   - Monsieur Starkey, monsieur Novan.
 
   Déjà une erreur ! Taire la prétendue nationalité du sieur Ugo Novan en présence d’un authentique insulaire était un aveu.
 
   Les deux hommes échangèrent une franche poignée de main.
 
   Les autres invités talonnaient Ugo. Ils entrèrent dans la salle de réception élisabéthaine, les hommes parlementant déjà avec force argumentation, les épouses entrecoupant leurs propos d’éclats de rire stridents.
 
   Les nouveaux arrivants étaient tous Rhodésiens.
 
   Le maître des lieux fit de nouveau les présentations avec des paroles élogieuses et pompeuses.
 
   Madame de Coorter recevait de la part des hommes qui s’agglutinaient autour d’elle de chaudes félicitations pour la robe en toile d’Amérique commandée chez le plus célèbre couturier d’outre-Atlantique. La lumière tamisée allumait d’ardents éclats dans ces prunelles convoiteuses. La blonde séductrice égaya la bande en disparaissant pour distribuer ses ordres aux serviteurs.
 
   Ugo échangea quelques avis sur la magnificence de la demeure avec le Britannique momentanément délaissé.
 
   Une musique douce se distilla dans l’air et insensiblement réveilla et échauffa les désirs de chacun. Les derniers Rhodésiens entrés se mirent en quête d’une partenaire et tour à tour s’élancèrent sur la piste de danse. Les corps se sentirent émoustillés au contact de ces chairs étrangères et utilisèrent la demi-obscurité propice.
 
   Le diamantaire resserrait sa cravate en contemplant avec un sourire vicieux les couples qui évoluaient au rythme envoûtant de la musique.
 
   Profitant de ce que son mari lui tournait le dos, la superbe Sandie de Coorter s’avança droit vers Ugo, l’invitant à danser, le corps tout entier offert en pâture.
 
   Elle n’avait pas encore bu pourtant ! La garce fit cependant une démonstration époustouflante de son savoir-faire. Elle s’efforçait insensiblement de le coller de plus en plus intimement à elle, calculatrice. Ugo s’abandonna graduellement au charme pressant de sa cavalière. Il se laissa enivrer par l’odeur de cette chair de femme mêlée à l’exhalaison d’un produit de beauté raffiné.
 
   Elle cherchait langoureusement à retenir le regard de l’agent secret qui succombait avec un admirable sang-froid.
 
   Des serviteurs asiatiques aux pieds nus, mais gantés de blanc et la tunique barrée d’une écharpe noire, préparaient les boissons. Ils s’activaient avec des mouvements automatiques, le faciès absent, comme s’ils n’avaient pas remarqué la présence des seigneurs blancs.
 
   Sandie appela le plus chétif des domestiques et lui prononça quelque chose dans un dialecte que Valence ne comprit pas. Aussitôt un slow voluptueux précipita de nouveau les couples sur la piste.
 
  Des feux d’étoiles de sang jaillissaient des joyaux du collier qui cerclait le cou tendu de la jeune femme. Ugo le prit dans la main et laissa courir ses doigts sur la peau lisse de sa cavalière qui s’accrochait à lui comme un serpent. Un serpent qui pourrait bien être venimeux.
 
   Dans un mouvement de recul soudain, elle se désincrusta de lui et l’entraîna, le tenant par la main, vers le buffet.
 
   - Whisky ? s’enquit-elle en versant de l’alcool de grain. Je crois que vous préférez cet alcool aux autres.
 
   - En effet. Quand on m’offre le choix.
 
   - Cul sec, proposa-t-elle avec un ronronnement dans la voix.
 
   Ugo ne se le fit pas répéter. Ce fut fait en une lampée. Elle aussi.
 
   Si elle voulait jouer à ce jeu, elle risquait de s’écrouler ivre morte avant que « Novan » ne commence à tanguer.
 
   De fait, le manège dura bien trois quart d’heure avant qu’elle ne consentit à laisser son partenaire fouler la piste de danse avec une de ses concurrentes. Une seule. Pas deux. Et puis elle ne pouvait raisonnablement pas délaisser continuellement son adorable petit mari – à trois reprises elle avait parlé de lui en ces termes – qui depuis le début de la « party » n’avait fait que consommer et fumer des cigares qui empestaient son haleine.
 
   La musique marqua une pause. Les convives et leurs hôtes se reportèrent sur le buffet.
 
   L’alcool déliait les langues. Entre deux bons mots, les femmes grignotaient en hâte des toasts. Les hommes s’enorgueillissaient de ne pas encore sentir leurs méninges s’alourdir, alors que celui qui semblait le plus atteint, un Rhodésien qui se triturait le foie de la main gauche, faisait des marionnettes avec la main droite depuis un intervalle de temps conséquent, lorgnant d’un œil nébuleux le bout brûlant et le filtre de sa cigarette, alternativement.
 
   Ugo attaqua ces cerveaux embrumés, sans aucun respect des bonnes manières, irrévérencieux.
 
   - Il a une mine bien triste, votre domestique, affirma-t-il en désignant de la pointe du menton l’Asiatique qui disparaissait en emportant les bouteilles vides sur un plateau.
 
   Le Sud-Africain eut un geste de recul contrit et s’immobilisa dans une posture hautaine et un tantinet dédaigneuse.
 
   - Son respect paraît mêlé de mépris, précisa Ugo.
 
   Le diamantaire dissimula ses yeux rougis derrière le nuage de fumée de son énorme cigare.
 
   - Ces gens-là ne savent pas où ils sont bien.
 
   - Si je comprends bien, ce n’est pas de l’ingratitude de leur part, répliqua Ugo, caustique.
 
   -Effectivement. Ils simulent une arrogance profonde et deviennent violents parce qu’ils réclament une situation qu’ils n’ont pas méritée et que nous ne voulons pas leur accorder.
 
   - De qui parlez-vous exactement ?
 
   - De tous les non-blancs.
 
   - En quoi n’ont-ils pas droit à l’évolution qu’ils réclament ?
 
   - La théorie selon laquelle tous les hommes sont égaux n’est pas valable dans la société moderne. L’élément évolué ne se mêle pas à l’élément non-évolué.
 
   - Que croyez-vous que nos ancêtres ont trouvé en arrivant ici ? Des terres sur lesquelles ils ont fait main basse en chassant les populations ? Pas du tout. Le pays était inhabité, désert, inculte. Les terres, nous les avons défrichées à la sueur de notre front. Les mines d’or et de diamant ont été découvertes et mises en valeur par nous. Les Noirs, toute cette populace colorée que vous voyez grouiller dans nos rues, est venue vivre à nos crochets. Ce sont des étrangers. Les véritables Sud-Africains sont les Blancs, les descendants des Boers. Et vous souhaiteriez nous voir abandonner, après trois cents ans de labeur et de sacrifice, notre pays aux mains d’envahisseurs qui nous domineraient et nous écraseraient bien vite, avec la perspective de nous chasser hors de chez nous dès qu’ils s’en sentiraient l’assurance.
 
   Vu sous cet angle, Ugo n’avait plus qu’à se taire. Il poursuivit cependant, soucieux de ne pas laisser s’éteindre la conversation.
 
   - Pourquoi réagissent-ils si violemment s’ils se savent étrangers ?
 
   - Parce qu’ils voudraient eux aussi tenir les rênes du pouvoir. Cette prétention n’est pas raisonnable. Confiez-vous le gouvernement de votre pays à des étrangers qui y viennent chercher et presque mendier leur pitance, Monsieur Novan ?
 
   Ugo eut un hochement de tête négatif.
 
   De Coorter continua de distiller sa pensée, acide :
 
   - Une grande partie du budget leur est réservée, pour les loger, les soigner, leur fournir de nouveaux emplois.
 
   - Quels droits leur laissez-vous ?
 
   - Dans la signification que vous donnez au mot « droit », aucun ! Ce serait condamner soi-même son indépendance de Blanc que d’admettre des hommes de couleur aux postes importants de notre société. Je vous le répète, les Noirs sont des étrangers, une main d’œuvre à bon marché mendiant son pain.
 
   Le Rhodésien répondant au nom de Willeman, l’oreille sensible à ces propos, s’était rapproché et écoutait la conversation avec un lent mouvement d’approbation de la tête à l’égard du Sud-Africain. Il profita de ce que le diamantaire buvait une gorgée de whisky pour défendre son propre avis :
 
   - La question est grave aussi chez nous, admit-il, les groupes noirs sont en effervescence et les agitateurs recrutent facilement parmi eux des troupes de choc, prêtes à un affrontement sanglant. Des commandos ont récemment lancés des cocktails Molotov dans les rues de Bulawayo.
 
   L’Anglais mollement affalé dans un profond fauteuil de velours s’ébroua :
 
   - Indépendance qui demeure illégale et sans valeur, affirma-t-il sèchement.
 
   - Une situation de fait que tout le monde devra accepter qu’il le veuille ou non !
 
   - Sauf épreuve de force. De nombreux pays nous reprochent la faiblesse de nos sanctions prises à l’encontre de la Rhodésie, à commencer par l’Union Soviétique et les pays communistes de l’Europe orientale.
 
   - Il n’y aura pas d’épreuve de force. Monsieur Wilson craint trop une ingérence étrangère en Rhodésie, la Chine par exemple qui pourrait être tentée d’attiser les foyers de rébellion ou l’Union Soviétique qui pourrait mettre à profit les dissensions et débarquer militairement en Rhodésie sous le couvert d’une intervention des Nations Unies.
 
   - Ce …
 
   - Monsieur Stewart, coupa le Rhodésien, l’a déclaré lui-même en ouvrant le débat au Conseil de Sécurité. La Grande-Bretagne s’oppose à l’utilisation de la force pour résoudre la crise.
 
  - Nous seront cependant obligés d’y venir, objecta l’Anglais avec assurance. N’oubliez pas que de nombreux pays ont demandé à la Grande-Bretagne de prendre des mesures plus vigoureuses et plus efficaces pour mettre un terme à la rébellion. Vous avez contre vous non seulement la Grande-Bretagne mais également toute l’Afrique. Toutes les nations africaines sont prêtes à accorder toute l’aide, y compris la force, afin de délivrer leurs frères noirs de l’état de domination dans lequel va les plonger le gouvernement rhodésien blanc de Ian Smith. Monsieur Alex Quaison-Sackey du Ghana n’a pas lésiné sur les mots en affirmant que les Noirs de Rhodésie se trouvaient désormais impuissants en face d’un régime blanc fasciste. Il a reproché à la Grande-Bretagne d’avoir livre au gouvernement de Ian Smith des armes ultramodernes qui ont grandement favorisé la déclaration d’indépendance.
 
   - Vous n’épousez pas les vues de monsieur Wilson, remarqua le Rhodésien.
 
   - Non, et beaucoup de Britanniques sont convaincus qu’il a pris la mauvaise voie et fera marche arrière. Songez que monsieur Arthur Goldberg a déclaré que les Etats-Unis étaient fermement partisans de l’autodétermination pour et par les peuples mais que tous devaient cependant être derrière la Grande-Bretagne, l’autorité responsable.
 
   Ugo se décida et toisa le Rhodésien :
 
   Monsieur Willeman, jugez-vous votre nouvel état indépendant capable de résister aux sanctions économiques, si les nations qui en ont décidé ainsi les appliquent avec l’intransigeance qu’elles annoncent. Je vous rappelle que les Etats-Unis ont décidé d’interdire les importations de sucre de Rhodésie et de refuser ses demandes de crédits et de prêts. Ils feront tout pour dissuader les financiers américains d’investir dans votre pays.
 
   - Le président Vervoerd a déclaré qu’il continuerait d’avoir des relations normales avec la Rhodésie, affirma le diamantaire.
 
   - L’Angola et le Mozambique également, ajouta le Rhodésien. La conséquence des sanctions économiques qu’on veut nous infliger ne sera guère sensible, ou n’aura dans les pires conditions qu’un effet très momentané. Dans cette optique, le nouveau gouvernement rhodésien à laissé présager en la personne de son ministre du Commerce une période d’austérité et le rationnement de certaines denrées. Nous modifierons nos relations commerciales et le mal sera réparé. Et que penser de l’annonce de la R.A.U. adoptée par la troisième conférence au sommet africaine selon laquelle les bateaux appartenant à la minorité blanche ne seront plus admis à franchir le canal de Suez. Une vaste fumisterie !
 
   Le diamantaire justifiait les dires de son ami d’un signe de tête tout en crispant les mâchoires.
 
   Willeman, déchaîné, interpella Ugo avec véhémence :
 
   - L’indication de nationalité portée sur votre passeport est fausse, monsieur Novan. Vous n’êtes pas Britannique, mais en réalité Français. Et il est une chose que nous n’avons pas beaucoup appréciée : le retrait par la France de son Consul Général de Salisbury, monsieur Jean Desparmet, le 12 de ce mois. Bon nombre de mes amis et moi-même en nourrissons rancune. D’accord, la France ne veut pas s’immiscer dans les affaires intérieures d’un état. Mais pourquoi avoir retiré son représentant, une fois l’indépendance déclarée, sinon parce qu’elle nous repousse.
 
   Le Rhodésien, emporté dans des déclarations enflammées et échauffé par l’alcool, maugréait, et le ton déchaîné avec lequel il crachait ses reproches envenimait les esprits de ses amis.
 
   Madame de Coorter commanda juste à temps à un de ses domestiques de placer un nouveau disque sur l’électrophone. Toutes les fibres de son corps avaient vibré aux derniers mots du Rhodésien, la conversation était à un point de pression optimum et seuls des coups de poing trop vite donnés peut-être auraient clos la soirée.
 
   Ugo avait ressenti le même malaise. Il sauta sur l’aubaine, lorsque sa cavalière arriva vers lui tout sourire, pour quitter cet entretien qui prenait une tournure aigre.
 
   De nouveau un flot de musique enveloppait irrésistiblement les danseurs et faisait taire les opinions politiques à mesure que des sentiments plus intimes ressurgissaient dans les consciences.
 
   Sandie de Coorter dévoilait un farouche appétit charnel. Ses yeux se noyaient dans une langueur pas feinte du tout. Chacun de ses mouvements était une offrande muette à l’homme qui la serrait contre sa poitrine. Ugo s’attachait toujours davantage à cette satanée petite bougresse.
 
   Ils étaient seuls.
 
   Elle se retourna et se pendit au cou du Français dans un débordement d’amour qui l’agitait d’un tremblement convulsif. Elle tendait des lèvres sensuelles. Ugo approcha les siennes, consentant.
 
   - Chéri, je vous aime, soupira-t-elle comme elle s’écartait la première.
 
   - Moi aussi, souffla Ugo en lui caressant sa blonde chevelure.
 
   - Quand nous reverrons-nous ?
 
   Que devait-il répondre ?
 
   - Demain.
 
   - Oh ! Amour ! Embrassons-nous encore ?
 
   Avec plaisir.
 
   - Méfions-nous, avertit Ugo, votre mari va remarquer très vite notre disparition.
 
   Ils rejoignirent la société.
 
   Les hôtes se laissaient aller aux frivolités de la danse. Seul le Britannique demeurait prostré, engoncé dans son fauteuil, taciturne. Il n’avait visiblement pas accepté les argumentations rhodésiennes et sud-africaines sur l’indépendance de la Rhodésie.
 
   Autour de lui l’atmosphère devenait électrique.
 

 


Date de création : 02/07/2009 18:32
Dernière modification : 07/06/2018 21:20
Catégorie : UGO VALENCE, Agent secret
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REALITE A VIVRE ...

Une fessée d'amour

pour Tequila

Extrait n° 1

...

Et alors il me regarde.

Moi aussi. Un chat, quand ça ne connaît pas, c’est méfiant ! Ici, tout est différent.

Les cercles de mon engin sont de plus en plus amples. Le chat me suit des yeux. Le moteur poussé à fond fait un boucan d’enfer, l’animal ne manifeste aucune peur. Je passe près de lui, nous échangeons un coup d’œil complice, et alors j’entreprends un ultime parcours sur les bordures du jardin potager.

Doucement le chat se lève, fait le gros dos, emprunte dans l’autre sens le trajet de son arrivée et s’éclipse tandis que je baisse le régime du moteur.

J’avais envie de l’approcher, c’est raté.

Je ne sais même pas par où il est passé.

...

 

...

 

Extrait n° 2

 

La touffe de poils n’a pas bougé pendant que je l’observais. J’ai alors envie de partager mes interrogations à son sujet et je vais chercher mon épouse.

— Regarde ! Il y a un mois, quand je retournais le jardin… tu t’en souviens, je te l’ai raconté ! J’ai l’impression de voir le chat qui m’observait.

Il a doucement levé la tête. Est-ce notre présence qui l’a alerté ? Nous nous tenons tranquilles, à plusieurs mètres de lui. Il n’a pas bougé de place. Il nous regarde, nous juge, nous jauge. Il redresse le corps et, continuant de nous fixer, il nous adresse un miaulement.

Je continue :

— C’est le chat qui s’est assis un moment sur une planche du jardin, près de moi, pendant que je travaillais le terrain.

— Il a l’air tout jeune.

— Il semble vouloir nous dire quelque chose.

J’enlève sans précipitation la chaîne qui interdit l’accès au terrain après avoir déverrouillé le cadenas qui la maintient, et nous amorçons notre approche.

La petite bête nous observe et nous manifeste de la méfiance. Elle se tient sur ses gardes, nous nous arrêtons. Elle va fuir si nous poursuivons vers elle.

 

...

Extrait n° 3

 

Pas le moins du monde dépaysée, la minette. De toute évidence, elle vivait près de gens, avec des gens. Ce n’est pas une chatte qui court les caves, les haies, les gouttières ou les hangars agricoles pour manger et dormir.

Bien sûr ! C’est gagné !

La chanson devient de plus en plus répétitive : « Mardi matin, lala , la chatte et… sont toujours chez moi pour… »… Et elle est profondément endormie, recroquevillée, dans son baldaquin de fortune. Et pour quelques heures encore !

Elle s’incruste et au fil de la journée s’insinue l’idée que nous en avons la charge, comme si elle devenait petit à petit notre propriété et que nous en aurions la responsabilité. Non, cet animal, nous voudrions bien qu’il retrouve ses maîtres !

Pour aujourd’hui la chatte ne se laisse pas encore trop approcher, encore moins toucher, et nous lui accordons le temps de s’habituer.

Cependant, dès qu’elle est éveillée, elle se lèche, elle se gratte, s’égratigne, se met à vif la tête, la nuque, le cou, le dos, la queue. Son pelage est mitraillé de trous.

Ce mercredi nous laisse désemparés. Il n’est pas possible d’apporter le moindre soin à notre malade. C’est à peine si au cours de la journée nous pourrons la frôler, maîtrisant nos gestes qu’elle ne doit pas interpréter comme des menaces.

 A suivre.

...

Extrait n° 4

 

Courant maladroitement en
traversant la pelouse la première fois, mieux organisé
et habilement dissimulé derrière d’épais buissons de
fleurs qui bordaient l’eau la deuxième fois, il s’apprêtait
à faire un copieux repas. A moins que sa dégustation
n’ait commencé avant notre mise en alerte ? Les cris
menaçants et les gestes rageurs de la famille eurent
raison de l’importun qui fut dans l’obligation de prendre
un envol laborieux sur une piste un peu courte. La
troisième fois, il resta haut perché sur le faîte d’un saule
et ne prit pas le risque d’atterrir.
Nous ne prîmes pas de risque non plus et le filet fut
installé.
Au travail donc !
Le haut du grillage mitoyen s’agite, pris de
tressautements. Un « frout, frout » sec et soudain, le
lierre s’entrouvre comme fendu par l’éclair. Une touffe
trépigne en basculant vers moi.
Deux yeux, deux oreilles, quatre pattes, une queue, le
tout en noir et blanc, qui souffle en amortissant sa
dégringolade sur le muret fleuri.
Je suis sur le côté opposé du bassin. Plusieurs mètres.
C’est le déclic instantané dans mon esprit, et j’ouvre
sans doute une bouche toute ronde, aussi ronde que
mes yeux ébahis. Même les poissons ont été surpris,
des vaguelettes nerveuses se propagent en cercles qui
s’entrecroisent.

« Bonjour, c’est moi, Minette. Me revoilà. Ah ben oui,
cela fait cinq mois, d’accord, mais bon ! »

A suivre

 

....

Extrait n° 5

— Le pharmacien a oublié le fusil à lunettes et la seringue hypodermique. Ce n’est que de cette façon que nous parviendrons à soigner « notre félin ».

Je juge sage d’attendre le lendemain pour le lait. Une noisette de crème sur la pointe de l’index et du majeur gantés. L’opération est réalisée en cachette.

Pendant que la chatte mange, j’écrase avec toute la délicatesse possible l’onctueuse boule blanche sur la plaie la plus importante du dos. Elle s’est déjà esquivée.

La notice pharmaceutique conseille, pour que le soin apporté ait davantage d’efficacité, de couper ou de raser les poils autour des lésions. Impensable dans le cas présent.

Les applications ne donnent donc aucun résultat notable et la dermatose s’étend sur le dos mité et l’abdomen pelé. Nous avons au niveau du contact avec notre protégée obtenu un effet inverse : Minou ne veut plus manger tant que nous sommes présents et trop proches d’elle. Nous représentons maintenant une menace.

Tentons le collier antipuces.

L’acheter, c’est vite fait. Il reste à l’installer. Minette ne collabore pas et refuse toute approche,  elle a compris que notre comportement cache quelque chose. C’est par surprise que je lui passe le collier sous le cou, saisis la pointe à l’opposé et la glisse dans le premier côté de la boucle. La bête ressent ce carcan comme un corps étranger dont elle veut se débarrasser. Elle essaie de l'ôter, glisse une patte entre l’intrus et son cou et tire avec une grande violence, mais rien n’y fait.

A suivre

 

   

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