FICTION A SUIVRE ...

Kaboul ...Thé !

Calais ... Café !

"Un Afghan à Calais"

Le récit

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romans au choix)

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ROMANS AU CHOIX

NOTRE LANGUE EN PROSE

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Kaboul ... Thé ! Calais ... Café !

COMME AU BON VIEUX TEMPS DES FEUILLETONS ...

UGO VALENCE, Agent secret

NOTRE LANGUE EN VERS

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ESILELISE

  • ¤

Esilelise

   

NOUVELLES A LIRE

NOTRE LANGUE EN PROSE

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Le français dans la mouise

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De l'Antiquité à nos jours ...

Nouvelles d'hier et de demain, et même ... d'avant-hier et d'après-demain

Une petite ville d'histoireS

La more solitere du vieus moulin

NOTRE LANGUE EN VERS

  • ¤

JUSTE UN DERNIER VERS ... ET JE FINIS MON CHEMIN

  • ¤

Juste un dernier vers ... et je finis mon chemin

PIED A PIED

 

Le lézard
 
 
Un lézard
dort au soleil
et perd
un petit bout de queue
 
Un lézar
dort au soleil
et perd
un petit bout de queue
 
Un léza
dort au soleil
et perd
un petit bout de queue
                                     
Un léz
dort au soleil
et perd
un petit bout de queue
 
Un lé
mon Dieu
qu’il est laid et hideux
sans sa queue
 
Un l
qui perd la tête
ça n’a

ni queue ni tête

 

S.L.

 

Dis, Monsieur
 
  
 
Dis, Monsieur,
Fais-les rire
 
Dis, Monsieur,
Regarde leur sourire
 
Dis, Monsieur,
Ecoute leurs soupirs
 
Dis, Monsieur,
J’veux pas être sérieux
 
Dis, Monsieur,
Fais-en des élèves heureux
 
Tais-toi, mon âme,
Je suis prof.
 
 
S. L.

 

Oiseau de liberté

Hip ! Hip !

tu sautilles-tilles

Piaf

sur le bord de la gouttière

et tu cries

ton enfant tombé

à peine emplumé

du nid de tiges séchées

et ma main main minotaure

qui l’enserre

 

ne crie pas si fort

 

Piaf

 

c’est pour mieux le regarder

c’est pour mieux l’envier

cet oiseau-enfant

 aux ailes de liberté.

 

 

Je dédie ce poème

à l’oiseau ramassé

à peine

ce poème terminé

 

P

 

Pipi, pipi, pipi,

Popo, popo, popo,

Papa, papa, papa,

Pépé, pépé, pépé,

 

-i-i, -i-i, -i-i,

-o-o, -o-o, -o-o,

-a-a, -a-a, -a-a,

-é-é, -é-é, -é-é ,

 

Sans P la vie serait

A mourir de rire.

 

U

 

Un chameau

Et deux dromadaires,

Ca fait trois bossus !

 

Une ânesse

Et deux baudets

Ca fait trois têtus !

 

Un Petit Poucet

Et ses deux frères

Ca fait trois perdus !

 

Un gros

Et deux replets

Ca fait trois dodus !

 

Une pie

Et deux arondes

Ca fait trois langues bien pendues !

 

Mais un T

Et deux U

Ca ne fait qu’un vieux train : TU-U !

 

       S. L.

 

Fleuve Amour, bonjour

 

Tais-toi, Congo,

T’es pas beau !

 

T’as la Vistule

Qui se coagule

 

Et tu fais Mississipi

dans l’Ienisseï

 

Ton épouse la Garonne

joue l’Amazone

 

Avec le beau Danube

Qui titube

 

Il croit avoir la Moskova

Dans les bras

 

Et l’Escaut

C’est pas le Pô

 

Enlève la chemise

De la Tamise

 

Ah ! ce Rhin

Quel maintien

 

Il caresse sa demoiselle

La Moselle

 

Et perd le Nord

L’Amour est le plus fort

 

          S.  L.         

 

   Bonne lecture !

 

 

 
 


                                                                       
 

 

 

ME JOINDRE
NOUS SOMMES LE
UGO VALENCE, Agent secret - NUITS DE HAUTE-VOLTA chapitre 2
Nuits
 
 
Stéphane LEFEBVRE
 
 
Nuits de Haute-Volta
 
 
CHAPITRE 2
    
 

     Ugo dormait à poings fermés dans une chambre du second étage d’un hôtel, éreinté par les fatigues du voyage.

 

     La nuit était déjà tombée sur Ouagadougou lorsque l’avion de la compagnie Air France, qui avait quitté Paris dans la matinée et dans lequel avait pris place le Français, se posa sur la piste ce dimanche 14 novembre.

 

   Ugo s’était immédiatement mis en quête d’une chambre et s’était couché tôt dans la soirée après un dîner copieux et réparateur rapidement avalé cependant. Les opérations sérieuses débuteraient le lendemain.

 

   Quelque chose d’imprécis traversa la conscience endormie de l’agent secret. Il s’agita, se tortilla dans les draps, changea de position et finalement entrouvrit un œil. Tout était noir autour de lui, il ne distinguait pas un seul objet.

 

   La fenêtre était restée grande ouverte. La fraîcheur de la nuit avait envahi la chambre et annihilait la chaleur douillette des couvertures. Ugo sentit un frisson courir le long de son dos et eut la chair de poule. Il songea un instant à se lever puis se ravisa. Quelque chose dont lui-même n’aurait pu préciser l’origine le lui interdisait. Ses tympans étaient imprégnés d’un crissement de semelle quasi imperceptible qui torturait sa réflexion.

 

   Il en était à se demander si le bruit avait été fictif ou réel lorsque ses méninges se délièrent avec la rapidité et l’énergie de la foudre. Il avait acquis la conviction que quelqu’un se tenait immobile dans sa chambre, à quelques pas de lui. Une sueur froide jaillit de tous les pores de son corps à cette pensée. Il venait de percevoir le sifflement si faible d’une expiration qu’il paraissait être à la limite de l’ultrason.

 

   Ugo retint son souffle et épia. Ce sifflement lui parvenait, s’atténuant progressivement et mourant, suivi d’un intervalle parfaitement silencieux, d’une angoisse insoutenable : le temps de l’inspiration.

 

   Tout en dressant l’oreille avec une intensité peu commune, Ugo jugea qu’il était indispensable de préparer la riposte. Quelqu’un n’était pas venu à cette heure dans sa chambre pour le dorloter en lui chantant une berceuse.

 

   Il entendit le frôlement lent d’une semelle sur la poussière du plancher. Exactement le pas de velours d’une souris ! L’individu s’approchait.

 

   Les prunelles démesurément élargies du Français défonçaient l’obscurité. Rien ! Elles ne voyaient rien ! Une telle tension eût rendu fou le premier venu. Dans un accès de frayeur incontrôlé, Ugo crut que ses nerfs allaient lâcher et qu’il allait se mettre à hurler comme un cochon qu’on égorge. Il se ressaisit et chercha à calmer son cœur qui battait à grands coups dans sa poitrine.

 

   Il n’avait pas d’arme, malheureusement. Il se raidit dans son lit, les muscles crispés à un point tel qu’il sentit comme des crampes lui déchirer la chair. 

 

   Il se frotta la langue contre le palais puis voulut s’humecter les lèvres. Sa bouche était sèche comme du carton. Sans qu’il s’en fût aperçu, la moiteur avait gagné sa peau.

 

   Ugo estima qu’il était perdu. La situation était désespérée. Sans arme, prisonnier de ses draps, il lui était impossible de se lever et de faire de la lumière. C’était se jeter dans la gueule du loup avant d’avoir pu esquisser un geste de réplique.

 

   Dans l’immédiat, il fallait absolument que le visiteur nocturne ignorât que Valence était édifié sur sa présence. Celui-ci resta paralysé, les sens en alerte.

 

   Le bruissement des chaussures persistait. En même temps, le sifflement des narines se faisait plus bruyant. Une ombre se glissait furtivement sur un écran noir.

 

   Ugo remonta très lentement les bras à la hauteur des épaules et saisit le drap. Un tapis d’eau le mettait mal à l’aise. Il bloqua son souffle.

 

   Plus à hésiter. Il se roula brusquement en boule, détendit les jambes, rejetant couvertures et drap, et dans un écart fit un bond prodigieux. Une lame de rasoir passa au ras de sa gorge, le drap eut un déchirement sec.

 

   Le Français eut le temps d’entrevoir un bras qu’on lançait à la volée dans sa direction, il s’esquiva et stoppa le membre dans sa course, l’agrippant d’une main, encerclant de l’autre le poignet armé pour que l’assaillant ne soit pas en mesure de rabattre son arme sur lui, puis il pivota et lui remonta le bras dans le dos.

 

   Tandis qu’il notait avec satisfaction le choc métallique du rasoir tombant sur le plancher, il battit vivement l’air d’un geste ample de son bras libéré et porta un coup de tranchant de la main sur le nez de son agresseur. Ce dernier ulula et s’agita.

 

   Ugo resserra son étreinte. Son visage était si proche de l’homme qu’une odeur de transpiration se mêla à l’air qu’il respirait. Une senteur particulière que Valence identifia comme caractéristique de la race noire.

 

   Avant qu’il ait eu le temps de pratiquer un étranglement, le Noir s’arracha à son emprise avec souplesse. Le Blanc resta avec un morceau de tissu dans la main, béat. Sa prise s’échappait.

 

   Pendant qu’il s’élançait dans l’espoir de la rattraper, Ugo fixa avec des yeux ronds de stupeur le rapace qui prenait son envol par la fenêtre ouverte. L’adversaire avait bondi du second étage.

 

   Le Français se pencha dehors. Il eut le temps de voir une masse se ratatiner sur l’asphalte de la chaussée dans un choc sourd. Elle demeura inerte. Le spectateur se tordit le nez d’une façon éloquente en pensant à la violence de l’impact.

 

   Sans le savoir, il n’était pas le seul spectateur. Déjà deux Noirs s’étaient éjectés d’une 403 Peugeot en stationnement à quelques mètres du point de chute et ramassaient le tas de chair. Ils le catapultèrent sur la banquette arrière et s’engouffrèrent dans la berline alors que le chauffeur la lançait à plein gaz.

 

   Ugo avait assisté impuissant à la scène. Il ne pouvait rien tenter. Il ne possédait pas d’arme et n’avait que ses jambes comme moyen de locomotion.

 

   La 403 avait disparu. Le Français fit demi-tour et éclaira la chambre. Il ajusta les croisées de la fenêtre et poussa, n’omettant pas de l’interdire en tournant la crémone. Puis il se dirigea vers la porte. Il eut la confirmation que son agresseur avait emprunté la voie normale pour pénétrer, le pêne de la serrure n’étant plus engagé dans la gâche. Il verrouilla d’un tour de clé et laissa volontairement celle-ci dans le trou. Peut-être comprendrait-il illico à la prochaine agression ?

 

   Il ramassa le rasoir et s’assit sur le lit. La lame de l’engin avait un tranchant si soigneusement effilé qu’il en éprouva une terreur rétrospective. Il s’en était fallu d’un cheveu qu’il fût couic !

 

   Il expertisa les dégâts causés au drap, puis examina le morceau de toile qu’il tenait toujours à la main. Le tissu formait jusque tout récemment la poche d’une chemise. Une teinte indéfinissable avait remplacé depuis longtemps la couleur initiale dont on pouvait encore trouver trace aux coutures. Ugo jeta négligemment ce déchet sur une chaise et alla contempler sa mine pâle dans le miroir.

 

   Le jour pointait faiblement au moment où Ugo s’était tiré de son lit à grands regrets. Les grasses matinées se faisaient rares pour lui.

 

   Il avait pris le temps de faire une toilette complète. La barbe fraîchement rasée, l’esprit complètement éveillé, il avait quitté l’hôtel d’un pas léger et s’était immédiatement mis à la recherche d’un garage.

 

   Présentement, Ugo fumait sa nième cigarette à grandes bouffées. Au volant d’une Citroën traction avant louée dans une station-service Shell de l’Ouest africain, il stationnait juste en face de l’entrée du bâtiment des Postes d’Ouagadougou.

 

   Sa montre indiquait onze heures et demie et depuis l’ouverture des guichets le Français était resté à la même place. La Terre avait pivoté sur elle-même d’un angle suffisant pour que le soleil en feu dans un ciel sans nuages écrasât la capitale voltaïque d’une chaleur épuisante à supporter pour un Européen. Ugo avait baissé les vitres avant de la voiture, provoquant un faible courant d’air qui caressait ses joues et le rafraîchissait agréablement. L’inaction lui provoquait des fourmillements aux mollets et derrière les omoplates. Il arborait pourtant une mine confiante et sereine.

 

    Ugo contemplait avec une admiration justifiée un groupe de femmes noires aux lèvres attirantes, vêtues de boubous multicolores, qui déambulaient vers lui en laissant traîner nonchalamment par terre leur sorte de grandes chemises de nuit. Derrière ces femmes, il vit la silhouette bizarrement découpée d’un homme petit et musclé.

 

   Le type traversa la rue. Il était vêtu d’un costume gris de coupe occidentale dont le pantalon trop long tirebouchonnait sur les chaussures. Rien de bien troublant. Toutefois, Ugo se prit à détailler l’individu. Ses yeux étaient en amande, ses cheveux lançaient des reflets d’ébonite et, sans avoir une couleur de peau véritablement jaune, son teint n’était pas celui d’un Blanc. C’était un Asiatique. Ugo pensa à juste titre que les Asiatiques ne couraient pas les rues en Haute-Volta.

 

   Restait à savoir où ce Jaune à la démarche de flâneur dirigeait ses pas. Lorsque Valence le vit gravir les marches conduisant à la porte à double battant du bureau de poste, il fut édifié. Spontanément Ugo se laissa aller et se détendit complètement. Son attente n’avait pas été vaine.

 

   Au bout de trois minutes précises, le Japonais reparut et reprit le chemin par où il était venu. Ugo l’examina. Le Japonais marchait avec un balancement des bras anormalement saccadé. En même temps, ses genoux se jetaient l’un après l’autre brusquement vers l’extérieur, d’un coup sec qui donnait l’impression qu’ils se déboîtaient, si bien que le piéton qui le suivait croyait qu’il flageolait et qu’il allait s’écrouler. Une vraie marche de désossé !

 

   Le Japonais était donc venu chercher son courrier en poste restante comme l’avait signalé son compatriote de Beyrouth. Il restait à lever le secret de son retranchement. Toutefois, il fallait agir posément.

 

   Après avoir laissé le Japonais prendre une dizaine de mètres d’avance, Ugo s’apprêtait à se mettre à ses trousses. Cela fut inutile car l’autre disparut dans un hôtel. Assurément, il prenait pension dans cet établissement. Cependant, afin d’en avoir le cœur net, Ugo décida d’attendre un moment encore et de s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’une manœuvre de diversion de la part de l’Asiatique.

 

   Aucunement.

 

   Ugo jugea qu’il était inutile d’épier une riposte éventuelle du Japonais maintenant que son correspondant à Beyrouth lui signalait que la discrétion de son enquête était fâcheusement compromise, qu’il se considérait d’ores et déjà comme hors compétition et qu’il s’attendait à ce que la police libanaise lui tombe dessus un de ces quatre matins et lui demande quelques explications. Dans ces cas-là, il n’est pas dans la mentalité des espions de boucler leurs valises et de déguerpir comme des rats avant d’avoir glané les renseignements qu’ils doivent rapporter dans la mère-patrie.   

 

   Le Japonais ne filerait sûrement pas à l’anglaise par le premier avion pour Tokyo, via n’importe où. Il était probable qu’il redoublerait de méfiance et ferait des pieds et des mains afin d’éclaircir la situation et mettre l’importun hors d’état de nuire, s’il devinait qu’importun il y avait.

 

   Précisément c’était ce que désirait Ugo. Acculer l’adversaire.

 

   Il regagna son hôtel pour l’heure du déjeuner.

 

   Il écourta volontairement sa sieste réparatrice.

 

   Les intentions de son collègue et ami lui revenaient en mémoire. Celui-ci projetait de visiter un atelier mystérieux. Depuis le message troublant dans lequel il annonçait ses intentions, le Français n’avait plus donné signe de vie.

 

   Ugo n’en avait pas appris davantage depuis son arrivée sur le territoire voltaïque. Qu’était-il advenu au bon et fidèle serviteur de la France ? S’était-il volatilisé ? Le Vieux n’en savait fichtre rien, et ce silence l’inquiétait.

 

   Ouagadougou dormait sous le soleil. Peu d’animation.

 

   La voiture dévorait le chemin avec des pétarades de guimbarde. Ugo dépassa la résidence du Moro Naba Kougri, nabab des Mossis.

 

   Dans la fournaise, il avait plutôt envie de se faire accorder une audience par cet empereur, uniquement pour se faire offrir un dolo rafraîchissant, la bière de miel de bienvenue. Pas de chance ! Le moment était mal choisi.

 

   Ugo laissa la ville derrière lui. La campagne avait la même attitude éreintée et fainéante. Les cases rondes des Mossis, couvertes de paille, s’éparpillaient dans les champs. Ugo eut le sentiment que leur taille réduite était la preuve manifeste de la volonté d’offrir le moins de prise possible aux rayons accablants du soleil. Les cases et greniers groupés qui forment le soukala familial entouré d’une clôture en paille semblaient se recroqueviller.

 

   La route pas goudronnée filait maintenant à travers des étendues consacrées aux cultures maraîchères. Puis ce furent des champs de coton.

 

    Ugo roulait à allure modérée. La double rangée d’ornières creusées dans la terre mêlée de pierres de la route dénonçait la violence et l’importance des pluies de la saison humide pas très éloignée. Une fine vapeur s’élevait de la boue qui se desséchait. La saison sèche durcirait ces minuscules fossés.

 

   A quelques kilomètres de la capitale voltaïque, la végétation de forêt claire éliminait les espaces cultivés et s’agitait des craintes et des colères des animaux qui la peuplaient, des biches harnachées au regard doux de femme jusqu’aux lions, assassins sans pitié.

 

   Ugo relâcha la pression du pied sur l’accélérateur. Des cobs regardaient la voiture, dressant leurs cornes en forme de lyres, tendus sur leurs pattes grêles. La bande disparut à un signal du vieux mâle autour duquel elle se groupait.

 

   Ugo pénétrait dans une galerie forestière. L’atelier ne devait plus être éloigné. Il roula encore une minute et l’atteignit. Une fumée d’une blancheur immaculée s’élevait et avait annoncé sa proximité. L’atelier se perdait au cœur d’une forêt indispensable pour le combustible à bon marché qu’elle lui fournissait.

 

   Ugo stoppa la conduite intérieure sur le bas-côté de la route.

 

   Il s’avança parmi les troncs entassés et déboucha dans une cour qu’il lui fallait traverser avant d’atteindre l’entrée de l’atelier. Une jeune Noire, âgée d’une vingtaine d’années, vêtue d’un boubou aux couleurs vives qui laissait deviner des seins volumineux, le suivait d’un regard sombre. Elle portait deux paniers emplis de glaise pâteuse suspendus à un joug rudimentaire qui lui meurtrissait visiblement les épaules. Elle s’arrêta afin de croiser le visiteur.

 

   A ce moment Ugo aperçut l’arrière d’une 403 garée hors de la vue des curieux. Il retint le sifflement de satisfaction qui arrondissait déjà ses lèvres. C’était dans cette voiture qu’on avait emporté l’homme-oiseau de la veille.

 

   L’atelier était relativement moderne. Le four était fait de briques solides capables de résister à des températures élevées, alors que les dépendances étaient construites en matériaux provisoires. Le tout était convenablement entretenu.

 

   Ugo posta ses épaules athlétiques dans l’entrée. Le potier ne le remarqua pas immédiatement. Il pétrissait dans une glaise ferrugineuse une merveilleuse amphore dont Ugo n’aurait pu dire, en examinant les œuvres d’art et de patience semblables achevées et qui entouraient le Noir, si elle était d’argile, de métal ou d’acajou massif. Enfin il releva la tête. La présence inattendue d’un Blanc à la porte de son atelier paralysa ses mouvements pleins d’habileté. Il planta son regard éteint sur l’étranger et parut sonder ses intentions durant plusieurs secondes.

 

   Ugo l’avait salué cordialement. En guise de réponse, le potier se leva et s’approcha, raidissant son dos voûté. Son unique vêtement consistait en un short crotté trop large pour lui. Sa poitrine maigre accusait l’insuffisance alimentaire dont il était la victime. Ses muscles fins n’avaient pas eu le développement normal.

 

   Ugo fit un pas à sa rencontre et lui expliqua le mobile de sa présence.

 

   — Ces petits objets sont charmants et réalisés avec art, flatta-t-il. Ils m’intéressent et j’aimerais en acheter quelques-uns.

 

   Le visiteur crut que le potier allait sauter à pieds joints sur l’occasion et déballer les arguments habituels et sans force de conviction des marchands à la sauvette. Il n’en fut rien. Le Noir resta de glace et émit un grognement à peine perceptible pour signifier qu’il acceptait le marché.

 

   Ugo fit un tour d’horizon des yeux. Le potier le fit avec lui. Le visiteur s’avança et se pencha pour se saisir d’une statuette. Il se composa une mine admirative. Au fond, il n’avait pas à se forcer car la facture de ces objets était véritablement parfaite.

 

   — Quel en est le matériau ? s’enquit-il.

 

   — Elle est faite avec de la glaise.

 

   — Elle est magnifique, cette statuette ! Combien me la vendez-vous ?

 

   — Cinq cents francs. Francs d’ici, C.F.A.

 

   — C’est cher ! Mais… je vous la prends quand même.

 

   Le visage de Valence s’irradia hypocritement comme un soleil. Tout en discutant, il s’enfonçait dans les recoins de l’atelier. Le Noir l’imitait, silencieux, avec un calme inquiétant.

 

   La conscience du Français, une fraction de seconde tracassée par la sérénité du potier, le fit se retourner vivement à la perception d’un bruit de chute. La jeune Noire, entrée, culbutait une gamelle en décrochant ses paniers. Ugo comprit que le potier n’avait pas été dupe de cette réaction, trop rapide pour être explicable sur un simple saisissement. Un reflet lugubre traversa les prunelles du Noir. Le Français le discerna-t-il ? Le potier avait évité de croiser son regard à cet instant.

 

   Ugo détailla la jeune femme. Elle ne se préoccupait nullement des deux hommes, tout entière à sa dure besogne. Elle prit le temps de réinstaller le joug sur ses épaules, que Valence devinait frêles mais belles, et sortit avec un souple déhanchement, ses paniers vidés.

 

   Ugo s’approcha de la cuvée de boue nauséabonde.

 

   — C’est de cette pâtée à l’odeur répugnante que vous tirez vos petits chefs-d’œuvre ? grimaça-t-il.

 

   — Oui.

 

   — Comment vous y prenez-vous ?

 

   — Je la travaille d’abord, commença le potier, comme s’il avait récité une leçon apprise par cœur sans la comprendre, pour la rendre encore plus consistante qu’elle ne l’est. Ensuite…

 

   Jamais Ugo ne s’était autant fichu des explications qu’on pouvait lui donner. L’autre continuait de monologuer et les paroles lui parvenaient pareilles au bruit lointain des vagues. Un bruit lointain…, lointain depuis qu’il avait vu, de ses yeux vu, une loque pendue à un morceau de bois, patère rudimentaire, enfoncée dans la paroi. Cette loque était une chemise. Ugo distingua nettement qu’il y manquait la pochette au rectangle de teinte sombre qui détonnait dans le tissu passé. Et cet élément du vêtement, il le possédait depuis la visite qu’on lui avait rendue dans le courant de la nuit.

 

   Son intuition lui avait fait comprendre que son enquête ne resterait plus longtemps au point zéro.

 

   Le potier malingre s’arrêta de parler au beau milieu d’une phrase. Ugo lorgna de son côté, le fil de ses cogitations coupé.

 

   L’autre reprit :

 

   — Finalement, je peux la modeler avec beaucoup de facilité comme je le veux.

 

   Il se tut. En quelques enjambées prestes, il atteignit le four et l’ouvrit. Il s’empara d’une tige de fer à l’extrémité recourbée en forme de crochet et tira hors de la gueule du four un plateau légèrement rougeoyant sur lequel étaient disposées les statuettes pour la cuisson.

 

   Ugo saisissait ses gestes d’un œil et détaillait l’atelier de l’autre. A part la chemise traîtresse, rien ne paraissait suspect.

 

  Il reçut une bouffée d’air chaud qui rosit ses joues lorsque les figurines furent posées à même le sol.

 

   A leur vue, Ugo sentit une angoisse lui serrer le cœur. Une décharge nerveuse le secoua. Une idée écœurante, mais qu’il ne pouvait chasser, germait dans son esprit et l’impossibilité dans laquelle il était de vérifier sur-le-champ sa véracité la rendait insoutenable. Il aurait payé cher pour s’activer présentement dans la solitude de sa chambre d’hôtel.

 

   Sa présence à l’atelier était désormais inutile.

 

 Ugo reporta son intérêt, ô combien moins fictif que tout à l’heure, sur la production de plâtre et fit provision. Sûrement pas uniquement pour la décoration de son appartement parisien !

 

   Il choisit un berger Peul en glaise, pencha nettement pour un paysan Mossi en plâtre et y associa, dans le dessin unique de tromper le marchand, un sorcier et un danseur en bronze. Cela, c’était pour la production déjà ancienne.

 

   Il désigna deux statuettes au potier, une en glaise, une en plâtre, qui fumaient encore légèrement à leur sortie du four et demanda qu’on les lui empaquetât. Ce qui fut fait presto.

 

   Il régla la note. Assez élevée ! Mais ces bibelots étaient si précieux !

 

   Le mince sourire qu’il adressa au potier, en prenant congé de lui, se figea sur sa face. Il s’était forcé. La douleur indéfinissable qui, dans l’espace d’un instant, avait paralysé ses joues, signifiait que quelque chose ne tournait pas rond. Ugo se sentait sur des charbons brûlants.

 

   Le Français fit un tour d’horizon du regard en ouvrant la portière de sa voiture. Il ne vit plus la jeune Noire porteuse de glaise. Personne. La sérénité du lieu le toucha pour la première fois et aiguisa le sentiment de malaise qui le parcourait.

 

   Ugo se lança à plein gaz sur le chemin du retour.

 

   Le paysage avait, il n’aurait pu l’exprimer parce qu’il ne le regardait pas véritablement, une beauté étrange. Les cogitations de l’agent secret projetaient sur cette toile de fond vaporeuse des visions effrayantes, diaboliques. Ce qui avait pour effet d’augmenter la vitesse de la voiture.

 

   Le premier travail de Valence, lorsqu’il fut rentré dans sa chambre d’hôtel, fut de déballer ses achats sur la table qui occupait le centre de la pièce.

 

   Il posa les deux figurines de bronze sur une armoire à glissières dans laquelle il rangeait ses vêtements. Il recula le buste et examina l’effet donné d’un œil critique. Il prit le sorcier entre le pouce et l’index et le tourna pour le placer de profil, insatisfait de la première position. Puis il fit taire ses goûts pour la décoration.

 

   Ugo brisa la tête du paysan Mossi qu’il avait désigné dans la production ancienne du potier et la déposa sur le papier d’emballage qu’il avait préalablement déplié et étalé bien à plat sur la table.

 

   Une carafe visiblement solide allait faire office de concasseur. Les morceaux de la statuette évoluèrent pour n’être bientôt plus que des miettes. Avec la carafe en guise de rouleau à pâtisserie, les miettes devinrent poudre. Il ramassa délicatement cette fine poussière en un tas.

 

   Il appliqua le même traitement à une figurine de fabrication récente. Il fit un deuxième tas, tout en se remémorant la conscience professionnelle de son infortuné camarade.

 

   Et maintenant, place à la trousse de réactifs qui l’accompagnait souvent dans ses missions.

 

   C’est alors que trois coups résonnèrent, frappés sur la porte de sa chambre.

 

   Ugo effaça ses préparatifs du champ de vision d’un quidam et alla déverrouiller.

 

   Charmant quidam, en vérité ! Une Noire aux lèvres brûlantes de sang employée de l’hôtel, souriait et démasquait des dents impeccablement blanches.

 

   — Une lettre pour vous, Monsieur, annonça-t-elle.

 

   L’agent secret maîtrisa un mouvement de stupéfaction. Qui pouvait bien lui écrire à cette adresse ? Il prit le pli que la jeune femme lui tendait sur un plateau et, après avoir fouillé dans ses poches, lui abandonna les cent francs C.F.A. qu’il avait découverts.

 

   — Merci beaucoup, sourit Ugo.

 

   — Merci Monsieur, sourit la fille.

 

  Il admira un court espace de temps les longs doigts fins qui encerclaient le plateau, puis referma lorsque la serveuse se fut éloignée.

 

   Ugo examina l’enveloppe. La lettre lui avait été expédiée de Pretoria, capitale du Transvaal et de la République Sud-Africaine. Il laissa libre cours à son étonnement.

 

   Il lut sur un petit rectangle de papier blanc retiré de l’enveloppe fébrilement déchirée sur un côté :

 

   « Venez donc à Pretoria, du travail vous attend. »

 

   C’était tout. Ces quelques mots étaient écrits à la main en langue française, d’une écriture grosse et malhabile.

 

   Le message laconique laissa le Français plusieurs secondes perplexe. La lettre était datée du 13 novembre. Ce renseignement pouvait avoir son importance. A cette époque, il était à Paris. Quelqu’un savait qu’il viendrait à Ouagadougou. Qui ? C’était le grand point d’interrogation.

 

   Ugo décida finalement de remettre la résolution de l’énigme à plus tard. Il reprit son travail.

 

   Au fond : quelques manipulations simples à faire. Et si ces suppositions se vérifiaient, il avançait à pas de géant.

 

   Un peu d’eau sur les échantillons glissés dans deux tubes, puis, le pouce sur chacun pour les fermer, il les agita fermement. Enfin il ajouta deux gouttes d’acide nitrique aux mélanges homogènes.

 

   Ugo poursuivit avec soin.

 

   Il était impatient. Le calcium pur devait donner une teinte blanche. Les précipités semblaient peu convaincants. Un corps étranger sans doute, qu’il fallait identifier.

 

   De longues manipulations rigoureusement enchaînées amenèrent Ugo à la constatation qu’il redoutait. Il se sentit très abattu et impuissant. Mais le doute ne paraissait pas autorisé : le mystère de la disparition de Delson était élucidé.

 

   Le liquide présent dans l’éprouvette contenait du carbonate de calcium, et le carbonate de calcium est présent principalement dans les os !

 

   Ugo comprit comment et où s’était volatilisé son agresseur, dont il se fichait éperdument d’ailleurs ! Seulement… Delson avait suivi le même chemin !  

 

 

 

 


Date de création : 02/07/2009 18:26
Dernière modification : 04/06/2018 18:21
Catégorie : UGO VALENCE, Agent secret
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REALITE A VIVRE ...

Une fessée d'amour

pour Tequila

Extrait n° 1

...

Et alors il me regarde.

Moi aussi. Un chat, quand ça ne connaît pas, c’est méfiant ! Ici, tout est différent.

Les cercles de mon engin sont de plus en plus amples. Le chat me suit des yeux. Le moteur poussé à fond fait un boucan d’enfer, l’animal ne manifeste aucune peur. Je passe près de lui, nous échangeons un coup d’œil complice, et alors j’entreprends un ultime parcours sur les bordures du jardin potager.

Doucement le chat se lève, fait le gros dos, emprunte dans l’autre sens le trajet de son arrivée et s’éclipse tandis que je baisse le régime du moteur.

J’avais envie de l’approcher, c’est raté.

Je ne sais même pas par où il est passé.

...

 

...

 

Extrait n° 2

 

La touffe de poils n’a pas bougé pendant que je l’observais. J’ai alors envie de partager mes interrogations à son sujet et je vais chercher mon épouse.

— Regarde ! Il y a un mois, quand je retournais le jardin… tu t’en souviens, je te l’ai raconté ! J’ai l’impression de voir le chat qui m’observait.

Il a doucement levé la tête. Est-ce notre présence qui l’a alerté ? Nous nous tenons tranquilles, à plusieurs mètres de lui. Il n’a pas bougé de place. Il nous regarde, nous juge, nous jauge. Il redresse le corps et, continuant de nous fixer, il nous adresse un miaulement.

Je continue :

— C’est le chat qui s’est assis un moment sur une planche du jardin, près de moi, pendant que je travaillais le terrain.

— Il a l’air tout jeune.

— Il semble vouloir nous dire quelque chose.

J’enlève sans précipitation la chaîne qui interdit l’accès au terrain après avoir déverrouillé le cadenas qui la maintient, et nous amorçons notre approche.

La petite bête nous observe et nous manifeste de la méfiance. Elle se tient sur ses gardes, nous nous arrêtons. Elle va fuir si nous poursuivons vers elle.

 

...

Extrait n° 3

 

Pas le moins du monde dépaysée, la minette. De toute évidence, elle vivait près de gens, avec des gens. Ce n’est pas une chatte qui court les caves, les haies, les gouttières ou les hangars agricoles pour manger et dormir.

Bien sûr ! C’est gagné !

La chanson devient de plus en plus répétitive : « Mardi matin, lala , la chatte et… sont toujours chez moi pour… »… Et elle est profondément endormie, recroquevillée, dans son baldaquin de fortune. Et pour quelques heures encore !

Elle s’incruste et au fil de la journée s’insinue l’idée que nous en avons la charge, comme si elle devenait petit à petit notre propriété et que nous en aurions la responsabilité. Non, cet animal, nous voudrions bien qu’il retrouve ses maîtres !

Pour aujourd’hui la chatte ne se laisse pas encore trop approcher, encore moins toucher, et nous lui accordons le temps de s’habituer.

Cependant, dès qu’elle est éveillée, elle se lèche, elle se gratte, s’égratigne, se met à vif la tête, la nuque, le cou, le dos, la queue. Son pelage est mitraillé de trous.

Ce mercredi nous laisse désemparés. Il n’est pas possible d’apporter le moindre soin à notre malade. C’est à peine si au cours de la journée nous pourrons la frôler, maîtrisant nos gestes qu’elle ne doit pas interpréter comme des menaces.

 A suivre.

...

Extrait n° 4

 

Courant maladroitement en
traversant la pelouse la première fois, mieux organisé
et habilement dissimulé derrière d’épais buissons de
fleurs qui bordaient l’eau la deuxième fois, il s’apprêtait
à faire un copieux repas. A moins que sa dégustation
n’ait commencé avant notre mise en alerte ? Les cris
menaçants et les gestes rageurs de la famille eurent
raison de l’importun qui fut dans l’obligation de prendre
un envol laborieux sur une piste un peu courte. La
troisième fois, il resta haut perché sur le faîte d’un saule
et ne prit pas le risque d’atterrir.
Nous ne prîmes pas de risque non plus et le filet fut
installé.
Au travail donc !
Le haut du grillage mitoyen s’agite, pris de
tressautements. Un « frout, frout » sec et soudain, le
lierre s’entrouvre comme fendu par l’éclair. Une touffe
trépigne en basculant vers moi.
Deux yeux, deux oreilles, quatre pattes, une queue, le
tout en noir et blanc, qui souffle en amortissant sa
dégringolade sur le muret fleuri.
Je suis sur le côté opposé du bassin. Plusieurs mètres.
C’est le déclic instantané dans mon esprit, et j’ouvre
sans doute une bouche toute ronde, aussi ronde que
mes yeux ébahis. Même les poissons ont été surpris,
des vaguelettes nerveuses se propagent en cercles qui
s’entrecroisent.

« Bonjour, c’est moi, Minette. Me revoilà. Ah ben oui,
cela fait cinq mois, d’accord, mais bon ! »

A suivre

 

....

Extrait n° 5

— Le pharmacien a oublié le fusil à lunettes et la seringue hypodermique. Ce n’est que de cette façon que nous parviendrons à soigner « notre félin ».

Je juge sage d’attendre le lendemain pour le lait. Une noisette de crème sur la pointe de l’index et du majeur gantés. L’opération est réalisée en cachette.

Pendant que la chatte mange, j’écrase avec toute la délicatesse possible l’onctueuse boule blanche sur la plaie la plus importante du dos. Elle s’est déjà esquivée.

La notice pharmaceutique conseille, pour que le soin apporté ait davantage d’efficacité, de couper ou de raser les poils autour des lésions. Impensable dans le cas présent.

Les applications ne donnent donc aucun résultat notable et la dermatose s’étend sur le dos mité et l’abdomen pelé. Nous avons au niveau du contact avec notre protégée obtenu un effet inverse : Minou ne veut plus manger tant que nous sommes présents et trop proches d’elle. Nous représentons maintenant une menace.

Tentons le collier antipuces.

L’acheter, c’est vite fait. Il reste à l’installer. Minette ne collabore pas et refuse toute approche,  elle a compris que notre comportement cache quelque chose. C’est par surprise que je lui passe le collier sous le cou, saisis la pointe à l’opposé et la glisse dans le premier côté de la boucle. La bête ressent ce carcan comme un corps étranger dont elle veut se débarrasser. Elle essaie de l'ôter, glisse une patte entre l’intrus et son cou et tire avec une grande violence, mais rien n’y fait.

A suivre

 

   

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